david in winter

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Editeur. Ecrivain. Dilettante

vendredi 30 août 2013

Mariage "pour tous" : une révélation, et un souvenir



    Pendant que les missiles lancés par les politiciens humanistes au dessus de Damas afin de faire triompher par le fer et le feu  la démocratie s'immobilisent dans le ciel, hésitant entre la chute (boum ! ) et le demi-tour qui les raménerait à leurs douillets silos ( affaire à suivre, un jour de désoeuvrement ) , pendant donc que, retenant leur plume, les éditorialistes des journaux de référence ne savent encore s'ils vont adopter le ton de l'approbation mâtinée de serpentines réserves, ou de la critique mêlée de discrètes félicitations, l'iconoclaste réactionnaire, qui est un homme sérieux, a cherché, et trouvé, des informations dignes de foi sur le  mariage religieux pour tous avec tous ( mais rien encore sur pour toutes avec toutes).
    Récit.
   "De temps à autre, la bande s'accroît d'un nouveau membre toujours pédéraste actif ou passif, à qui l'on donne suivant ses goûts un homme ou une femme.
    "Cela s'appelle faire un mariage. Une de ces bandes (...) célèbrait ces sortes de mariages dans une chapelle qu'elle avait installée dans une rue avoisinant les Halles. Le chef de la bande, revêtu d'habits sacerdotaux, unissait le couple immonde [sic] . Ensuite on allait banqueter. Le soir, tous les affidiés étaient tenus de venir "mettre les nouveaux mariés  dans leurs meubles"; la chambre nuptiale était meublée aux frais de la communauté."    
   Ce texte est extrait de La corruption à Paris par A. Coffignon, ouvrage publié en 1890, et cité dans le numéro de 1955 du Crapouillot intitulé Les Homosexuels ( un jour je rendrai hommage à Galtier-Boissière, dont l'extraordinaire liberté d'esprit a tant fait pour ma formation intellectuelle).
   Ce numéro du Crapouillot contient de nombreuses illustrations dues à Jean Boullet, que je ne peux voir sans que s'éveillent de piquants souvenirs.
   Au début des années soixante, j'écrivis dans une publication fortement réactionnaire un long article sur le cinéma fantastique , genre alors méprisé ou ignoré, et j'y faisais l'éloge du livre de Jean Boullet La Belle et la bête (Paris, 1958).
  Jean Boullet m'écrivit pour me remercier, et m'invita chez lui. Il habitait alors une coquette maison du XIIIème arrondissement parisien; à l'heure dite, et vespérale, je sonnai, fus introduit dans un salon si médiocrement meublé que je ne peux, de ce décor, que me rappeler que rien n'en méritait de s'inscrire dans ma mémoire. Jean me présenta  son compagnon, un jeune homme beau comme un amour de Jean Genêt, au torse musclé et vêtu d'un maillot sans manche, et dont le bras droit s'arrêtait là où habituellement se montre un coude, qui était remplacé par deux appendices de chair , médiocres imitations de doigts.
   Mon hôte et moi échangeâmes quelques louanges, puis il me fut proposé de passer à ce pour quoi j'étais venu.
  --Je peux venir aussi ? demanda le beau jeune homme.
  --Non, réplique séchement Jean, monte dans ta chambre et cire ton pantalon. ( J'ai oublié : tous deux portaient des pantalons de cuir noir).
   Nous sortîmes dans la cour, entrâmes dans un commun, transformé en une chose rarissime en ce temps et paradisiaque pour le jeune cinéphile que j'étais : une salle de cinéma, avec écran de toile et projecteur 16mm.
    Jean me proposa de regarder Le livre de la Jungle, de Zoltan Korda (1942), j'acquiesçai avec joie, et nous prîmes place sur deux fauteuils bien voisins.
    Dés qu'apparut sur l'écran , jouant Mowgli, le jeune et séduisant acteur indien Sabu, d'un geste assuré, Jean déboutonna sa braguette, et sortit son membre viril, qu'il commença de caresser avec une tendresse qui n'excluait pas la vigueur.
    Je fus troublé. Mon regard hésitait entre les images qui se formaient sur l'écran en un chatoyant technicolor , et le spectacle vivant que m'offrait mon hôte, avec une innocence aimable, et peut-être quémandeuse de complicité.
    Que faire ? Qu'ordonnaient les règles du savoir-vivre ?
    J 'avais vingt ans, je prônais la plus totale liberté sexuelle, je tonnais contre les persécutions cruelles et stupides infligées aux homosexuels, mais c'étaient là des positions de principes , la réalité, ma réalité, était hélas enfermée dans la pudibonderie que je dénonçais...
    Fus-je tenté ? Cédai-je ? Me détournai-je ? Pris-je la fuite ?
    Jean Boullet est mort en 1970 en Algérie , sans doute assassiné par un amant de rencontre (mais sans y gagner la goire de Pasolini), et je peux sans craindre de démenti donner à mon souvenir tout dénouement qu'il me plairait d'inventer.
   Je dirai seulement qu'à un certain moment apparurent sur l'écran ces deux mots : The end.

2 commentaires:

  1. Est-ce que le film était bon, au moins ?

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  2. D’abord il s’agit de découvrir la prostate qui fait intégralement partie de la sexualité masculine (son massage est également une pratique très utile dans la prévention des cancers). Mais surtout cette pratique questionne les stéréotypes de la masculinité, comme l’idée phallique. Selon moi il n’y a pas de masculin et de féminin, il y a plutôt l’être qui pénètre et l’être qui est pénétré. Même dans les couples du même sexe, on retrouve ces rôles. Chaque homme, surtout s’il se définit hétérosexuel, devrait se faire pénétrer au moins une fois dans sa vie pour se retrouver du point de vue de la «femme». L’atelier de Chris est une occasion pour cela.

    si c'est bon pour la prostate...

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