david in winter

david in winter

Editeur. Ecrivain. Dilettante

jeudi 29 août 2013

Syrie (II) : bellicisme et propagande



     13 mai 1915. A la Une du New York Times , ces très gros titres et sous-titres :
     LES ATROCITES ALLEMANDES SONT PROUVEES, DECLARE LA COMMISSION BRYCE
   En Belgique, non seulement des crimes individuels, mais des massacres prémédités
    JEUNES ET VIEUX MUTILES
    Femmes attaquées, enfants brutalement massacrés, incendies et pillages systématiques
   AVEC L'APPROBATION DES OFFICIERS
     Tirs injustifiés sur la Croix rouge et le drapeau blanc, prisonniers et blessés abattus
     L'article reprenait les affirmations et conclusions du rapport rédigé par Lord Bryce, historien anglais réputé et ancien ambassadeur de Sa Majestè  à Washington , avec l'aide de juristes et historiens également britanniques, et détaillait une longue suite d'horreurs : bébés embrochés sur des baïonnettes, mains coupées, femmes violées, bref,  tout ce que peuvent faire des bandes de Huns dévastant l'Occident.
  Dans les jours qui suivirent, ces affirmations et conclusions furent reprises, avec quelques enjolivements, par un grand nombre de journaux américains, et l'un de ses amis put écrire à Lord Bryce:  " Votre rapport a conquis l'Amérique."
   Il y eut pourtant des sceptiques. 
   Clarence Darrow, le plus célèbre des avocats américains, se rendit en France pour chercher des témoins des abominations rapportées. N'en trouvant pas, il annonça qu'il offrait mille dollars (environ vingt mille dollars de 2010) à qui lui montrerait un enfant belge ou français aux mains coupées par les Allemands – personne ne vint.
   Malgré Darrow, la propagande fut efficace. A l'automne 1914, un associé de la banque Morgan pouvait écrire de New York : " Il y a aujourd'hui ici 50.000 personnes qui comprennent la nécessité pour les Etats-Unis d'entrer en guerre, et cent millions qui n'y pensent même pas" en ajoutant : " notre rôle est d'inverser ces nombres". A la fin de 1916, la proportion était effectivement inversée.
   Quelques décennies plus tard, les historiens  s'accordent pour dire que les affirmations et conclusions du rapport Bryce sont fausses à 99 pour cent.
  
   J'emprunte ces faits et citations au chapitre deux – gros mensonges, cupidité et autres vieilles bêtes – de The illusion of victory – America in World War I ( New York, 2003, 544 pages ) excellentissime ouvrage de M. Thomas Fleming , qui montre quelles manœuvres ont conduit le calamiteux Woodrow Wilson à entrer en guerre, comment les choses se sont déroulées, et ce qu'il en est résulté – c'est, pour aujourd'hui, une lecture édifiante.

2 commentaires:

  1. Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.

    RépondreSupprimer
  2. Les personnes auraient eu leur membres coupés avec la baïonnettes des sapeurs allemands qui avaient la particularité de posséder un de ses tranchants en forme se scie, ce qui permettait à ces derniers de les aider à construire des ouvrages en bois.

    Cela me rappelle, les couveuses du Koweït.

    RépondreSupprimer