Pour un particulier, les effets de
l'endettement sont divers, ils peuvent le conduire à la ruine, parfois à la
fortune ( "qui ne paye pas ses dettes s'enrichit", dit la sagesse des
Nations ) ou encore, s'il entre dans la catégorie privilégiée des surendettés estampillés officiellement,
à une nette amélioration de son niveau de vie.
Pour un chef d'Etat, la situation est assez
différente. D'abord, il a eu la prudence de ne pas emprunter personnellement les tas de milliards
dont il a besoin pour les distribuer à des électeurs qu'il espère
reconnaissants, évitant ainsi tout risque d'aplatissement de son propre
porte-monnaie, non, il a emprunté au nom de l'Etat, ou de toute autre entité qui ne proteste pas quand on la
charge d'un quelconque fardeau.
Cependant, le chef de l'Etat peut se trouver
aujourd'hui face à une difficulté : plein de voix médiatiques ( chercheurs,
experts, lauréats du concours Lépine) s'élèvent pour dire que cette
dette-de-l'Etat est dangereuse, porteuse de cataclysmes ( non précisés ), et
ainsi, murmurent conseillers et coaches, entraîner une baisse de la popularité
présidentielle dans les sondages de Hot
Video, Voici et Le Berrichon libéré.
Le chef de l'Etat réagit, et annonce une baisse (en gros caractères dans les
medias amis) de l'augmentation ( en
tout petits petits caractères) du niveau de ladite dette.
Mais, se demande l'observateur attentif à la
réalité des choses, cette dette, dont personne ne se souciait alors qu'elle
était déjà coquette, est-elle véritablement porteuse d'un avenir fâcheux?
Voyons d'abord la nature d'une dette, qui se
caractérise par deux élèments essentiels : son échéance (la date à laquelle il faut rendre les sous au créancier)
et son taux ( le nombre de sous à
verser chaque année au créancier et nommés intérêts).
On a
vite compris qu'une dette dont l'échéance tombe demain alors que vos caisses
sont vides empêche plus de dormir qu'une dette dont l'échéance arrivera en l'an
2040, d'où cette règle : toute dette dont l'échéance est postérieure au jour où
un politicien pense se retirer de la vie publique ( et de toute vie sur cette
terre) n'est pas un souci – et, heureusement, on trouve aujourd'hui des
emprunts à échéance de... cinquante ans.
Quant à son taux, il est très variable selon
les circonstances, mais dernièrement, les chefs-d'Etat ont trouvé à emprunter à
des taux négatifs ( pratiqués par des
institutions dépendant de divers Etats ) , ce qui signifie que le débiteur
touche des sous de son créancier au lieu de lui en verser.
Je
résume : pour connaître ce qu'est réellement une dette globale, il faut pouvoir
étudier chacun des emprunts la constituant et les classer par date d'échéance (
comme pratiqué dans les bilans des entreprises, mais ce dont les politiciens
omettent d'informer les citoyens), avec les montants annuels d'intérêts à
verser.
Un autre
élément essentiel consiste en l'identité
du prêteur: ce n'est pas la même chose que d'emprunter à un individu
employant des colosses aux rudes façons pour recouvrer ce qui est lui dû, ou à
une institution financière dont les
dirigeants sont nommés par le chef d'Etat.
Je n'ai pas
ici la place d'énumérer tout ce qui est à considérer pour estimer une dette,
disons seulement qu'il existe des créanciers qui ne souhaitent pas être remboursés
( par ex. des fonds de pension qui ont besoin seulement de toucher des intérêts
pour verser des retraites à leurs adhérents et ne peuvent toucher à leur
capital) et renouvellent systématiquement les dettes arrivées à échéance ( à,
bien sûr, certaines conditions), ou d'autres qui, comme les "banques
centrales" ( européenne ou américaine) ont l'agréable faculté de pouvoir
fabriquer sans contrepartie des billets de banque ( ou des lignes de crédit) et
qui, ayant prêté de la monnaie de singe, se moquent que celle-ci leur soit
rendue, etc. etc.
Tout ceci
m'amène à conclure que si j'étais chef d'Etat ( en 2017 ? ), je continuerais à
emprunter avec une parfaite tranquillité.
Un
pessimiste me tire par la manche alors que j'allais sortir pour me promener, et
m'apostrophe :
--Mais si,
malgrè tout, notre bel Etat se trouvait en
banqueroute, que nous arriverait-il ?
Personne
n'en sait rien.
Mais la
terre continuerait à tourner, et, assez probablement, certains individus
seraient plus riches, d'autres plus pauvres, et la masse des hommes vivrait à son
habitude, entre heurs et malheurs.
En somme, tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles ! Et puis, comme vous l'expliquez dans votre roman, au cas où les échéances se rapprocheraient dangereusement, il reste toujours la solution d'aliéner quelques provinces...
RépondreSupprimerEt bonne chance pour 2017 !
Pour 2017. je crains un peu la concurrence de M. Renaud Camus , qui est maintenant à la tête de deux partis politiques...
SupprimerIl me semble déceler un soupçon d'ironie derrière la crainte par vous exprimée.
SupprimerLes considérations économiques me dépassent un peu, mais dans le doute, je serais d'avis de porter M. Kim au pouvoir. Lui saurait quoi faire.
RépondreSupprimerJe vais proposer à mon banquier d'emprunter jusqu'en 2090,à cette date je pense que je ne serais plus de ce monde sauf miracle, je doute qu'il soit d'accord pourtant ce sera en toute honnêteté.
RépondreSupprimerPrenez la précaution de vous faire d'abord élire chef d'Etat.
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