david in winter

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Editeur. Ecrivain. Dilettante

samedi 22 novembre 2014

Du côté de Sodome : pro et contra



   Comme le monstre du Loch Ness et la candidature de M. Pompidou à la prochaine élection présidentielle, l'affaire de l'étrange mariage unissant des messieurs à messieurs et des dames à dames ressurgit de ci de là, au rythme vif des feuilles tombant des arbres (en ce bel automne).
   Dans ce débat apparaissent en première ligne des fidéles de la foi catholique, qui crient bien haut leur hostilité à ce nouveau mode d'union conjugale et même, sans vouloir leur faire de procès d'intention, semblent montrer une certaine répulsion pour les adeptes des amours unisexe.
   Imaginons, car tout est possible en politique, que ces nouveaux croisés, ou leurs alliés, arrivent au pouvoir, quel sort serait alors réservé aux citoyens de Sodome ?
   Je viens jutement d'acquérir le Dictionnaire portatif des Conciles contenant une somme de tous les Conciles (etc.)  avec une collection des Canons les plus remarquables ( Paris, 1768, avec approbation et privilège ) dû au prolifique compilateur que fut Pons-Augustin Alletz (1703-1785).
   Ces canons sont la loi suprême de l'Eglise apostolique et romaine, le Saint-Esprit en a inspiré la rédaction, et ils valent pour toute éternité.
    Notre sujet a été traité dans le canon Trois du Concile de Tolède tenu en l'an de grâce 693 et composé de cinquante-neuf évêques, cinq abbés et trois députés d'évêques, assistés du Roi Egica et de seize Comtes, canon qui édicte que:
   "Ceux qui péchent contre la nature sont condamnés à être séparés des Chrétiens pour toute leur vie, recevoir cent coups de fouet, être rasés par infamie, & bannis à perpétuité, & ne recevront la Communion qu'à la mort."
   Voilà qui est clair mais... la sodomie est-elle réellement un péché contre la nature?
   Voyons l'avis d'un homme qui fut à la fois un chercheur, un expert et un spécialiste en la matière, dont les œuvres, jadis maudites pour leurs audaces très-républicaines, sont désormais,  contrairement au Dictionnaire des Conciles, proposées aux enfants des écoles et interminablement commentées par d'austéres universitaires, j'ai nommé Donatien-Alphonse (ou Aldonse ? )-François de Sade  -- citation :
   "Jamais la nature [c'est moi qui souligne] , si tu scrutes avec soin ses lois, n'indique d'autre autel à nos hommages que le trou du derrière; elle permet le reste, mais elle ordonne celui-ci. Ah! sacredieu! Si son intention n'était pas que nous foutions des culs, aurait-elle aussi justement proportionné leur orifice à nos membres? Cet orifice n'est-il pas rond comme eux? Quel être assez ennemi du bon sens peut imaginer qu'un trou ovale puisse avoir été créé par la nature [je souligne encore] pour des membres ronds!"
    Alors, péché contre la nature ou obéissance à ses lois?
    Jouons cela à pile ou face.

    PS.On peut remarquer que la démonstration de Sade s'appuie sur une logique utilitariste-déterministe déjà utilisée par Bernardin de Saint-Pierre à propos du prédécoupage du melon.

6 commentaires:

  1. Le mot "nature" a-t-il le même sens chez Sade et chez et les conciliaires de Tolède ?

    Dans l'extrait sadique, le dialogue est-il entre un homme et une femme ou entre deux hommes ?

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    Réponses
    1. 1.Natura abhorret vacuum...
      2.Entre un chevalier et un bouc, sauf erreur.

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  2. Être rond est une condition suffisante mais non nécessaire pour être inséré dans un trou rond.

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  3. La seule conclusion que je peux tirer de ce billet c'est que manifestement Sade avait une meilleure connaissance du genre humain que les 84 membres du concile de Tolède.

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  4. On ne peut pas être plus clair sur le sujet...

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